
La spirale de la violence au Sahel atteint un niveau alarmant. D’après des données publiées par le quotidien L’Indépendant du Mali, citant l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), plus de 3 800 attaques terroristes ont été enregistrées depuis le début de l’année 2025 au Mali, au Burkina Faso et au Niger. En près de six ans, la région a connu plus de 28 700 attaques, causant environ 77 000 morts, un chiffre qui illustre l’ampleur tragique de la crise sécuritaire.
Les groupes affiliés à Al-Qaïda notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et ceux liés à l’État islamique ont considérablement étendu leur influence, opérant désormais sur plus d’un million de kilomètres carrés couvrant l’ouest du Mali, le sud du Burkina Faso, l’ouest du Niger et le nord du Nigeria. Selon ACLED, le nombre d’attaques dans la région est passé de 1 900 en 2019 à plus de 5 500 en 2024, marquant une progression inquiétante.
Depuis 2019, ces groupes armés, souvent équipés d’armes issues de pillages, seraient responsables de près de 76 900 morts, dont 16 000 civils tués dans des attaques délibérées. Le Mali et le Burkina Faso concentrent à eux seuls 56 % des victimes, tandis que le Nigeria enregistre plus de 20 000 morts, notamment dans la région du lac Tchad où sévissent Boko Haram et la Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique (ISWAP).
Face à cette montée de la violence, le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a plaidé, lors du processus d’Aqaba tenu à Rome le 13 octobre dernier, pour la création d’une force commune Sahel-Lac Tchad dotée de moyens conséquents et d’un commandement unifié, afin de « combattre efficacement le terrorisme ».
Les Nations unies estiment pour leur part qu’entre 7 000 et 9 000 combattants affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique sont actuellement actifs dans la région. Ces groupes exploitent les tensions sociales et ethniques pour recruter, tout en finançant leurs opérations par les enlèvements contre rançon, le vol de bétail et la perception forcée de la zakat.
Ainsi, le Sahel demeure aujourd’hui l’un des épicentres mondiaux du terrorisme, où la détresse des populations, nourrisse un cycle de violence qui semble loin de s’essouffler.
Par ABK