
Depuis plusieurs semaines, la capitale malienne vit au rythme des rumeurs et des alertes sécuritaires. Alors que le Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), appuyé par le Front pour la libération de l’Azawad (FLA), intensifie ses actions dans le centre et le sud du pays, Bamako reste sur le qui-vive. Les autorités appellent au calme et assurent que la capitale est sous contrôle, malgré un contexte tendu.
Après les États-Unis, la France a recommandé à ses ressortissants de quitter temporairement le Mali pour des raisons de sécurité. Certains médias internationaux vont plus loin, évoquant la possibilité que le pays « tombe aux mains du JNIM », une hypothèse renforcée par des propos rapportés par Étienne Fakaaba Sissoko, écrivain et opposant Malien dans l’édition de TV5 Afriquede ce vendredi.
Mais sur le terrain, les spécialistes se montrent catégoriques. « Le JNIM n’a pas les moyens de prendre Bamako. Il peut susciter des troubles ou des soulèvements, mais pas conquérir la capitale », confie A. M., expert en gouvernance basé à Bamako. Même son de cloche du côté du journaliste Abdrahamane Baba Kouyaté, pour qui « les groupes armés peuvent paralyser temporairement l’économie, mais ils ne pourront jamais s’emparer de Bamako ». Il ajoute que « le pays reste approvisionné en carburant, même si la psychose s’installe peu à peu ».
Face à la montée des inquiétudes, le gouvernement multiplie les signaux de fermeté. Le Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga, a reçu la semaine dernière le Groupement malien des professionnels du pétrole (GMPP) pour évoquer la situation. « Ce qui nous arrive est un changement de mode opératoire et une tentative de déstabilisation », a-t-il déclaré, tout en assurant la continuité des approvisionnements.
Le même jour, la ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Oumou Sall Seck, s’est rendue dans plusieurs stations-service de la capitale. Elle a salué la discipline et la résilience de la population : « J’ai rencontré des citoyens conscients des défis du moment. Je suis venue transmettre la reconnaissance du Président de la Transition au peuple malien pour sa patience et sa détermination. »
Pour certains observateurs, cette recrudescence d’attaques viserait aussi à perturber le Salon international de la défense et de la sécurité (BAMEX 2025), prévu du 11 au 14 novembre à Bamako. Soutenu par l’industrie d’armement turque, cet événement stratégique doit rassembler décideurs, experts et partenaires internationaux autour des enjeux de défense en Afrique.
En attendant, les Forces armées maliennes restent vigilantes. Dans la nuit du 7 novembre, entre 1h et 8h, elles ont déjoué quatre attaques simultanées à Fana, Diabaly, Hèrèmakônô et Labbezanga. Une riposte claire qui démontre, selon plusieurs sources sécuritaires, que Bamako n’est pas prête de tomber.
Djibrilla Touré
