
Un vent de discorde souffle au sein de la majorité sénégalaise. Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko, se retrouvent désormais au cœur d’un bras de fer politique autour de la direction de la coalition « Diomaye Président », qui les avait portés au pouvoir.
Tout est parti de la décision du chef de l’État d’écarter Aïda Mbodji, coordinatrice de la coalition et proche du Premier ministre, pour la remplacer par l’ancienne Première ministre Aminata « Mimi » Touré. Cette annonce, présentée par le président comme un acte de restructuration visant à renforcer la cohésion du mouvement, a immédiatement suscité de vives réactions au sein du Pastef, parti dirigé par Ousmane Sonko.
Dans un communiqué rendu public, le Pastef a dénoncé une décision « unilatérale » et « sans fondement juridique », estimant que le président Diomaye Faye « n’a pas le pouvoir » de démettre Aïda Mbodji. Selon le parti, cette dernière a été désignée par la Conférence des leaders, seule instance habilitée à procéder à un tel changement. Le communiqué rappelle également que le président Faye n’a jamais présidé la coalition, mais en fut simplement le candidat lors de la présidentielle de mars 2024.
Pour les cadres du Pastef, la nomination de Mimi Touré représente une ingérence dans le fonctionnement interne de la coalition et une rupture avec les principes qui ont fondé leur union. Ils affirment qu’Aïda Mbodji reste la seule légitime à la tête de la structure et rappellent que le processus de restructuration était déjà en cours sous sa supervision. Les textes fondateurs charte, règlement intérieur et structuration interne auraient déjà été élaborés et partagés entre les membres, ne nécessitant plus qu’une validation collective.
Selon certaines sources, le nom de la future coalition, « Alliance patriotique pour le travail et l’éthique » (APTE), avait même été proposé, marquant la volonté de tourner la page de « Diomaye Président », dont l’objectif électoral a été atteint.
Cette querelle révèle les tensions latentes entre la Présidence et le Pastef, qui craignent chacun une perte d’influence dans la recomposition du pouvoir. En toile de fond, se joue un équilibre délicat entre la légitimité institutionnelle du président et la légitimité militante de son Premier ministre, figure charismatique du camp patriotique.
Alors que les deux hommes avaient bâti leur victoire sur une promesse d’unité et de rupture, cet épisode montre que la cohabitation au sommet de l’État risque d’être plus complexe que prévu.
La Rédaction
