
Non, ce n’est pas qu’avec les armes qu’on gagne la guerre contre le terrorisme. Les canons, les blindés et les drones peuvent neutraliser des combattants, mais ils ne détruiront jamais une idéologie. Or, c’est bien là que se joue la véritable bataille : dans les esprits, dans les ventres vides et dans les cœurs désespérés du Sahel.
Depuis des années, les groupes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda ont compris ce que beaucoup d’États n’ont pas encore assimilé : pour dominer, il faut d’abord convaincre, nourrir, protéger ou du moins donner cette impression. Dans les zones rurales du Mali, du Niger et du Burkina Faso, où l’État est souvent absent, ces groupes exploitent la misère, le chômage et la désillusion. Ils promettent du pain, un revenu, une cause à défendre et trouvent des recrues. La pauvreté devient leur meilleure arme de persuasion.
Leur machine de guerre ne se limite pas aux kalachnikovs. Elle s’alimente de l’or des mines artisanales, du bétail volé, des rançons et des « taxes » imposées aux populations. Ces ressources, estimées à plusieurs milliards de dollars par an, financent une économie parallèle du chaos. Pendant ce temps, la propagande fait le reste : vidéos, radios locales, discours religieux dévoyés et messages ciblés sur les réseaux sociaux nourrissent une guerre idéologique sans merci.
Face à cela, il serait illusoire de penser que l’armée seule suffira. Il faut, à côté des opérations militaires, une contre-offensive sociale, économique et spirituelle.
Le Mali, comme ses voisins du Sahel, regorge de leaders religieux respectés. Ce sont eux qu’il faut mobiliser pour déconstruire les discours extrémistes et redonner du sens au mot foi, trop souvent instrumentalisé.
Mais surtout, il faut donner aux jeunes une raison de dire non. L’emploi, la formation, la dignité du travail sont les remparts les plus solides contre le recrutement terroriste. Une politique ambitieuse d’insertion socio-professionnelle, notamment dans les régions les plus exposées comme Mopti, sauverait bien plus de vies que n’importe quelle opération militaire isolée.
Enfin, la bataille se joue aussi sur les écrans. Les réseaux sociaux, devenus terrains de manipulation, doivent être investis par une communication responsable, patriotique et apaisante. Car chaque mot, chaque image peut soit renforcer la cohésion, soit alimenter la haine.
Le terrorisme n’est pas qu’une guerre de balles. C’est une guerre d’idées, de justice sociale et d’espérance. Et c’est seulement lorsque chaque citoyen se sentira écouté, protégé et utile que le silence des armes pourra, enfin, devenir durable.
Parce que, dans cette lutte, le courage militaire ne suffit pas il faut aussi le courage politique, économique et moral.
Abdrahamane Baba Kouyaté

J’ai pris beaucoup de plaisir à vous lire, chers promos.
C’est un très bon angle de traitement, pourvu que cela tombe dans les bonnes oreilles des wowawistes.
Force à vous !!!